Festival transmanche de création contemporaine

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En réponse à l’invitation de Normandie Impressionniste, le festival diep~haven aborde cette année le thème du portrait : avec en mémoire la longue tradition picturale et photographique propre à ce genre, différents projets de portraits contemporains seront développés et présentés sur le double territoire qui est maintenant le nôtre. Le festival affirme ainsi son format de parcours culturel, composé d’expositions et d’évènements, avec pour centres de gravité les villes de Dieppe et de Newhaven reliées par le ferry transmanche, dans un esprit d’échange culturel et d’expérimentation artistique.

Cette nouvelle édition s’est construite autour des résidences d’artiste, des projets participatifs et de la diffusion dans l’espace public. Le genre du portrait y est abordé comme une manière de se questionner sur notre société, à travers les individus qui la composent. Un genre où identités sociales, culturelles, intimes s’expriment et s’entremêlent, une pratique avec ses codes et ses usages dont les artistes s’emparent, chacun avec son regard, son approche, son esthétique. Le programme d’expositions se déploie en deux propositions : le résultat de résidences d’artistes aux projets singuliers et une sélection de photographies contemporaines des Fonds Régionaux d’Art Contemporain de Normandie à l'occasion de sa réunification.

L’histoire du portrait a accompagné l’émergence de l’individu dans notre société, depuis les peintres de la Renaissance qui furent les premiers à représenter la personne dans sa singularité et son statut social, jusqu’à aujourd’hui. Si les usages ont radicalement évolué, les codes – pose, cadrage, composition – forment un vocabulaire limité qui se décline encore aujourd’hui. Il s’agira toujours de décrire une personne qui se présente (ou se dérobe) aux regards, de fixer par l’image un être à un instant donné, de révéler une identité singulière mais aussi quelque chose de notre humanité.

Avec l’émergence de la photographie au 19ème siècle, concomitante à la démocratisation du miroir, chacun découvrait sa propre image. Dès les années 1850, la photographie devient un outil qui atteste d’une identité, soutient le souvenir et permet de se (re)présenter. Les studios des photographes se multiplient et un genre populaire, très codifié, émerge avec un vocabulaire de poses et de décors stéréotypés. L’intérêt se concentre peu à peu sur le visage jusqu’aux années 1930 où l’appareil photo devenu plus léger, plus facile d’usage et moins onéreux, se démocratise. Chacun peut dès lors s’inventer photographe, et ce n’importe où et à n’importe quel moment. 

L’avènement de l’ère numérique amplifie encore la diversité et la quotidienneté de l’image, et avec le développement des réseaux sociaux l’individu du 21ème siècle ne semble plus exister sans représentation de soi. Photo d’identité, de famille ou de classe, trombinoscope d’entreprise, photos de profil et “selfie” : les formes et les usages du portrait continuent de se multiplier et d’évoluer. Au delà de la portée mémorielle et de la valorisation de l’individu, le portrait, comme toute représentation, implique une approche, un point de vue, une subjectivité qui met en avant l’un ou l’autre aspect de la personne. La pratique qu’en ont les artistes permet de redonner du sens à cet acte devenu banal et nous invite tant à renouveler notre regard sur l’autre que à réfléchir à ce que nous sommes. La photographie, la vidéo, le dessin ou le langage se révèlent être autant d’outils d’expérimentation, de rencontre et de questionnement sur ce qui constitue l’identité, non pas pour la circonscrire mais plutôt pour en révéler la complexité et la diversité.